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Consulat et Ier Empire
8 mars 2010

Grenadiers à cheval

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Vers 1536, l'invention de la grenade va nécessiter la désignation de quelques gens d'armes faisant partie de l'élite pour jeter à la main cette nouvelle arme, le plus souvent lors de siège ou d'assaut de place forte.

En 1667, des soldats exercés au lancement des grenades apparaissent dans l'infanterie française. Ces hommes sont choisis parmi les plus braves et leurs officiers parmi les plus distingués. Ils prennent le nom de "grenadiers" et leurs descendants comptent parmi les plus illustres soldats de l'Europe.

A partir de 1670, une compagnie d'élite est créée dans le régiment d'infanterie et leur compagnie marchera en tête de chaque bataillon.

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                    Grenadier 1690 - 1720

Louis XIV (à qui nous devons en 1692 des compagnies de "houssarts") remarquant l'exceptionnelle bravoure de ses grenadiers à pied, envisageait de faire entrer dans sa maison militaire les premiers soldats d'origine roturière. C'est ainsi qu'en décembre 1676, le Roi-Soleil, voulant rendre hommage aux grenadiers de son infanterie, crée un corps de troupe similaire mais à cheval : la compagnie des grenadiers à cheval de la maison du roi.

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Grenadier à cheval 1735 à 1756.

Les grenadiers à cheval étaient armés du fusil, du pistolet et de l'épée et portaient un outil de terrassiers qui leur servait, en campagne, à ouvrir une voie aux autres troupes de la maison du roi, en tête de laquelle ils marchaient.

A sa naissance, le corps comptait : 1 capitaine, 2 maréchaux des logis, 4 sergents, 2 brigadiers, 4 sous brigadiers et 74 grenadiers ; le capitaine était le roi lui-même. Les officiers appartenaient exclusivement à la noblesse, mais les maîtres étaient tous choisis parmi les grenadiers d'infanterie, grands et portant la moustache.

L'uniforme se distinguait des autres par son aspect "tartare" pour se franciser et perdre un peu plus tard de son caractère. En contrepartie, avec l'évolution du temps et des modes, ces soldats magnifiques porteront une coiffure très convoitée : le bonnet à poil.

Son origine remonte aux temps où les soldats de l'infanterie et de la cavalerie portaient le tricorne. LE mouvement de lancer de la grenade rendant le port de cette coiffure impraticable amena les autorités à faire adopter dans un premier temps un bonnet assez raide en forme de pain de sucre, puis, un peu plus tard, le bonnet à poil, attribué aux troupes d'élite.

De cette époque et parmi la cavalerie, seul le Royal-Allemand, formé en 1671 de cavaliers de langue germanique, a toujours porté le bonnet à poil des grenadiers.

En 1678, la compagnie rassemblait 120 hommes, nombre réduit un an plus tard à 100, après la paix de Nimègue.

En 1725, l'effectif s'amenuisa jusqu'à 84 hommes, pour remonter bientôt à la faveur de l'ordonnance de 1759 : il y eut alors 150 grenadiers recrutés dans les rangs du corps des grenadiers de France (1).

La compagnie des grenadiers à cheval fut supprimée le 15 décembre 1775 par le comte de Saint-Germain, et ses soldats versés dans différents régiments avec le grade de bas-officier. Cette troupe d'élite, souvent citée comme modèle n'était pas seulement apte à la parade ; elle se couvrit de gloire, dès l'année qui suivit sa création, à Valenciennes, à Cambrai et à Charleroi.

Les grenadiers à cheval participèrent aux difficiles et sanglantes campagnes de 1702 à 1706, notamment à Ramilllies, Malpaquet.

Leur dernière campagne fut celle de 1721, pendant la guerre de sept-Ans, mais ils avaient entre-temps été à toutes les affaires, notamment en 1745, à Fontenoy.

Ils n'avaient pas fait mentir la devise brodée sur l'étendard reçu après le glorieux combat de Leuze (2) en 1691 :"Undique terror, undique lethum" "En tous lieux la terreur, en tous lieux la mort".

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                                     Grenadier 1774.

La Révolution rétablira ce corps d'élite. De main 1791 à septembre 17936, on voit apparaitre des gardes à cheval de l'Assemblée Nationale qui portent le bonnet à poil, sans pour cela prendre officiellement le nom de grenadiers.

La Constitution de l'an III, promulguée le 22 août 1795, autorise la création d'une garde du Directoire composée de 120 fantassins et une garde à cheval portant chapeau. Le noyau de celle-ci est prélevé sur le 3e régiment de dragons.
En fait, il faut attendre le 11 brumaire an V (1er novembre 1796), pour voir la garde à cheval du Directoire, composée de deux compagnies être commandée par un chef d'escadron : le général de division Jean Ernest KRIEG.

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Par arrêté du 27 février 1797, les gardes à cheval deviennent grenadiers à cheval et prennent le bonnet à poil en septembre 1797

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Les cinq Directeurs se méfiant des "politicards", le recrutement est sévère et méticuleux. Ce sont tous des cavaliers ayant servi dans l'ancienne armée, aux mœurs irréprochables.  Ils doivent savoir lire et écrire correctement...l'article ne précise pas le nombre de fautes tolérées. Durant toute cette période, la garde joue un simple rôle répressif en cas d'insurrection ou de révolte. Le service d'escorte fait partie également de ses attributions.

Récompensé de son inaction lors du coup d'État du Dix-huit Brumaire, la garde du Directoire fusionne avec celle du Corps législatif pour former la garde des Consuls  (28 novembre 1799).

Le décret du 3 janvier 1800, fixera les effectifs pour les grenadiers à cheval et pour les chasseurs à  cheval à 604 cavaliers. Bonaparte nomme Murat à la tête de la Garde.

Elle recrutera essentiellement des hommes qui se sont distingués sur les champs de bataille et qui ont fait preuve d'une conduite irréprochable. Cette fois-ci, cette unité retrouve ses fonctions militaires, ses capacités combattantes.

Bonaparte veut que la Garde devienne une référence, un noyau pour son armée. Elle deviendra par la suite une légende. Il est demandé au général Bessières, commandant en second de la Garde, de se charger de l'organisation de la cavalerie, et plus particulièrement des deux escadrons de grenadiers à cheval : les fameux chevaux noirs de Bessières.

Le 11 avril 1800, la Garde quitte Paris pour l'Italie. Le 14 juin, lors de la bataille de Marengo, nos grenadiers à cheval gagneront leurs éperons d'or en se ruant sur la gauche autrichienne contre les dragons de Liechtenstein et les cavaliers de Pilati, portant le trouble et l'effroi dans les rangs de l'ennemi, décidant ainsi de la victoire avec les dragons de Kellermann.

Le soir de la bataille le Premier Consul s'adressant à Bessières, lui déclara : "La Garde des Consuls que vous commandez s'est couverte de gloire ".

Le 12 juillet 1801, l'effectif des grenadiers à cheval est porté à un régiment.

Le 10 octobre 1801, commandés par le chef de brigade Ordener, les grenadiers à cheval comptent 3 escadrons. Le 14 novembre suivant, la garde des Consuls devient une véritable petite armée, la cavalerie est commandée par le général de division Bessières et le régiment des grenadiers à cheval compte 4 escadrons qui comprennent un total de 41 officiers et 990 hommes au 8 mars 1802.

Le 18 mai 1804, la garde des Consuls prend le nom de Garde Impériale. Napoléon par décret du 29 juillet 1804, organisant la nouvelle phalange jusqu'à la faire devenir l'ossature de son armée, ordonne que le régiment de grenadiers à cheval passe dans celle-ci (l'ancienne garde consulaire constituera la base de la Vieille Garde Impériale).

L'Empereur les emploiera comme cavalerie lourde de la Garde. L'effectif du régiment de grenadiers à cheval compte alors 1 018 hommes.

Le 17 septembre 1805, le régiment de grenadiers à cheval s'augmente d'un escadron de 800 vélites et le renforcement de l'état-major. Ils auront successivement pour colonel commandant : Bessières à partir du 2 décembre 1799, puis Ordener le 18 juillet 1800, Walther du 20 mai 1806 au 24  novembre 1813, et Guyot du 16 mars au 14 mai 1814 et du 14 avril au 18 juin 1815.Les vélites compteront dans leurs rangs des chefs aux noms aussi prestigieux qu'Excelmans et Lepic.

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Les anciens de Marengo, énormes sur leurs grands et magnifiques chevaux sombres, fiers de leur prestance, vont suivre l'Empereur sur tous les champs de bataille (sauf Iéna). Nos gros talons, vaillants et fidèle, ouvriront, dans le culte de l'honneur, l'épopée impériale à Austerlitz et la termineront à Waterloo.

Napoléon, après la bataille de Eylau, fera le plus bel éloge sur ses grenadiers à cheval en disant d'eux : "Ils sont à l'épreuve de l'or et du fer".

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Le décret du 1er août 1811 licencie les vélites mais augmente le régiment d'un cinquième escadron.

En avril 1813, le régiment est réorganisé sur la base de 4 escadrons de Vieille Garde auxquels s'ajoutent un puis deux escadrons de Jeune Garde. Lors de la première abdication et afin de satisfaire les revendications des cuirassiers qui, bien que considérés comme cavalerie d'élite, n'ont jamais eu un régiment les représentant dans les rangs de la Garde, Louis XVIII débaptise les Grenadiers à cheval et les nomme corps des grenadiers de France.

Ils sont organisés à Blois le 23 juillet 1814 par le maréchal Ney, pudiquement baptisé duc d'Elchingen et non plus prince de la Moskova afin de ne pas blesser la vanité du tsar. Le commandement des cuirassiers de France est confié au lieutenant-général Guyot. Il comprend quatre escadrons totalisant 63 officiers et 979 hommes.

Remonté sur le trône, Napoléon reconstitue la Garde Impériale le 22 mars 1815, le régiment reprend son ancienne appellation tout en gardant ses effectifs et...ses habits-vestes de cuirassiers.

Commandés par le maréchal de camp de camp Jamin, qui y laissera la vie, les Grenadiers à cheval s'illustreront une dernière fois à Waterloo en chargeant les batteries britanniques.

Cantonnés à Loches, Saumur, Poitiers et Preuilly, les escadrons de ce qui fut un des plus beaux régiments de France sont licenciés en novembre 1815.

1. Le corps des grenadiers de France avait été formé des compagnies de grenadiers tirées de 48 régiments réformés, le 15 février 1749.

2. entre Tournai et Ath, en Belgique. Victoire du maréchal de Luxembourg, celui qu'on surnomma la Tapissier de Notre-Dame par allusion aux nombreux drapeaux qu'il avait pris à l'ennemi et qu'on suspendit dans la cathédrale.

Sources : Tradition Magazine n° 248. Le Plumet-Rigo planche 199.

              L'uniforme et les armes des soldats de la Guerre en Dentelle.

              Soldats Napoléoniens n° 13. Les Grenadiers à cheval.

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